Les damnés du TOP14
Les clubs landais du TOP14 se traînent en queue de peloton. Grandeur et décadences. Il existe pourtant un remède à tant de faiblesse : la fusion.
Le superbe album « BONI » récemment paru nous rappelle les temps heureux où un bon tiers, voire plus, de l’équipe de France de rugby, était composé de joueurs landais. Avec comme point d’orgue une finale homérique entre les jaune-et noir de la Préfecture et les rouge-et-blanc dacquois, en 1963.
C’était le temps où un jeune papa neo-zélandais, ébloui par le jeu de trois-quarts d’un XV français pourtant étrillé 32 à 3 à Auckland, donnait à son fils, en complément de son prénom, un « André-Boniface » synonyme de respect pour le génie à l’état pur.
Nous avons vu, à cette époque, dans les stades encore minuscules de nos villes landaises, marquer les plus beaux essais du monde. Et, à Colombes, un France-Galles dont la première mi-temps passe pour une perfection jamais encore égalée du jeu d’arrières.
Ce ne sont pas là radotages de papys nostalgiques mais simples souvenirs de témoins. Le temps faisant son oeuvre de toute manière, nous voici aujourd’hui avec deux équipes adeptes du yoyo inter-divisions, luttant jusqu’à l’épuisement pour le maintien, espérant des miracles qui en fin de compte finissent toujours par ne pas arriver. Et fournissant de temps à autre un ou deux éléments aux équipes de France universitaire, espoir ou junior.
Maigre butin. La seule chose qui ne change pas sous l’aile des palombes, c’est la cinquantaine de kilomètres séparant Dax de Mont-de-Marsan. Par la nouvelle 4-voies, une mini demie-heure de trajet pour aller d’un stade à l’autre. On voit evidemment où je veux en venir.
La fusion de ces deux clubs sous la bannière d’une province gasconne choisissant le modèle irlandais est, raisonnablement, la seule solution permettant de figurer dignement dans la cour des grands:
en dénichant, sans concurrence, les talents dont ce département béni par les dieux du rugby regorge,
en offrant à ces jeunes deux structures travaillant ensemble au plus près de l’école, du collège puis du lycée,
en gonflant sans artifices ni démesure un budget aujourd’hui scindé en deux parts du pauvre, donnant ainsi à l’ensemble une vraie base financière, de « niveau » national et permettant aux professionnels du cru, formés localement, de jouer aux côtés des indispensables locomotives plus cher payées.
en donnant enfin aux adversaires le plaisir alternatif de découvrir deux villes soeurs, attachantes et enfin redoutées. Comme avant…
Utopie ? Peut-être. Clochemerle se traduisant dans toutes les langues régionales, on peut douter qu’une telle embellie voit le jour. Et pourtant. Un minimum de sagesse, une bonne dose d’ambition, un zeste d’audace suffiraient à doser ce cocktail que l’on pourrait nommer… tenez… intelligence?
Aussi il ne tient qu’à nous de faire pression, chaque fois que cela est possible, sur les décideurs, politiques, économiques, sportifs et autres, afin que cette virtuelle évidence devienne un jour réalité. Sans quoi il sera toujours plus digne pour nos joueurs de se vider victorieusement les tripes dans les divisions inférieures que de servir de sacs de sable et de jougs pour des visiteurs pressés d’en terminer avec un entraînement vraiment très éloigné de chez eux.